L’UTOPIE

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 Le mot « utopie » apparaît pour la première fois au XVIème siècle. C'est Thomas More qui l'invente lorsqu'il écrit en 1516 son “Court traité sur la meilleure forme de gouvernement”.

Du grec "u", préfixe négatif, et "topos", endroit, "utopie" signifie donc "qui ne se trouve nulle part".

 Dans le langage courant actuel, "utopique" veut dire impossible ; une utopie est une chimère, une construction purement imaginaire dont la réalisation est, a priori, hors de notre portée. Or, paradoxalement, les auteurs qui ont créé le mot, puis illustré le genre littéraire inventé par Thomas More en 1516, avaient plutôt pour ambition d'élargir le champ du possible, et d'abord de l'explorer

 Ce n'est qu'au milieu du XIXe siècle que le sens courant actuel s'impose et que l'utopie en vient à désigner un projet politique ou social qui ne tient pas compte de la réalité. Pour quelques-uns, que justement la "réalité" n'enthousiasme guère, il s'agit là d'une qualité essentielle ; plus généralement, un glissement s'opère, faisant de l'utopie un projet irréalisable, voire irréaliste. En témoignent les renvois synonymiques donnés par le Petit Robert à l'article "utopie" : chimère, illusion, mirage, rêve, rêverie…

  La notion d’Utopie comprend plusieurs dimensions :

 

 -          Le constat d’un malaise perçu comme dangereux pour l’ensemble des humains

 -          La prise de conscience des risques de conserver l’état actuel des “choses”

 -          Le désir de trouver une solution idéale

 -          La présentation d’une organisation “totale” à construire

 -          L’impossibilité de parvenir à combler  parfaitement l’écart entre les désirs et les réalités

  Quelques utopies du 19e siècle :

 La fin de l’esclavage, du racisme, de la discrimination, de la misère :

 Victor Hugo : en 1842 dans Le Rhin, Lettres à un ami : « Utopie, soit. Mais, qu'on ne l'oublie pas, quand elles vont au même but que l'humanité, c'est-à-dire vers le bon, le juste et le vrai, les utopies d'un siècle sont les faits du siècle suivant. » 

 Chez Hugo, cette quête d’une société idéale passe par l’intervention de son écriture dans les nombreux combats qu’il mena pour l’abolition de la peine de mort et le respect des droits de l’homme (Le Dernier jour d’un condamné, 1829 et Claude Gueux, 1834), la laïcité et l’instruction publique, l’émancipation de la femme et le droit de l’enfant, et enfin pour les « Etats-Unis d’Europe ».3

  C’est la même aspiration pour Émile Zola qui, pendant son exil forcé en Angleterre, s’était plongé dans la lecture de Fourier et Saint-Simon, des utopies sociales qui le marqueront : « J’ai tout le siècle prochain jusqu’à l’utopie. Pour le travail, tout le développement de la Cité future. [...] La justice, toute l’humanité, les peuples se fédérant, revenant à la famille unique, la question des races étudiée et résolue. »

 Les sciences spatiales et maritimes : Jules Verne après Vinci

 Le socialisme, le communisme : abolition de la propriété privée

            Babeuf, Fourier, Proudhon, Saint Simon

 Le marxisme : abolition future des classes sociales par la lutte,  et aboutir à passer “de chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins »

 Quelques utopies du 20e siècle :

 Le communisme ou dictature du prolétariat

 Le nazisme ou national-socialisme

 Le keynésianisme et le contrôle de l’économie (et des capitaux) pour qu’elle soit bénéfique à tous

 Le mouvement hippies

 Le développement des sciences et des technologies,  pour le bien être matériel,  la santé,  l’agriculture, l’éducation, les arts, etc..;

 Le capitalisme financier et la dérégulation mondiale des flux de capitaux

 Le nucléaire “propre” et la fin des dangers  atomiques Etc….

 Quelques  utopies du 21e siècle

 L’ONU et le gouvernement mondial pour maîtriser les conflits

 L’agro industrie et la production de nourritures “chimiques” pour nourrir plus de 8 milliards de terriens

 La société de l’information planétaire à travers les réseaux sociaux

 Le mouvement écologique : réponse face aux périls de destruction de la planète, par extinction des ressources, de la biodiversité, de la pollution de l’air et de l’eau…

 L’idée d’un salaire de base couvrant les besoins fondamentaux, rejeté dimanche en Suisse, compte de nombreux soutiens, mais aussi de farouches opposants.

 LE MONDE IDEES | 21.04.2016 à 14h48 • Mis à jour le 05.06.2016 à 20h00 | Par Antoine Reverchon

 C’EST UNE RUPTURE COMPLÈTE AVEC LE DOGME SELON LEQUEL SEUL LE TRAVAIL PEUT PROCURER UN REVENU

 Elle a le mérite de s’exprimer simplement  : il s’agit de verser à chaque individu, de sa naissance à sa mort et quelle que soit son activité, un revenu suffisant pour satisfaire ses besoins élémentaires, avec pour objectif d’éradiquer la pauvreté

  L’anti-utopie  présente le combat d’un individu contre l’organisation du tout collectif qui étouffe la liberté individuelle. Au lieu de faire l’apologie d’un monde ou d’une société comme l’utopie, la dystopie s’évertue à décrire des lendemains menaçants, un futur assombri par le totalitarisme à l’œuvre, une société où la perfection et le bonheur obligatoire deviennent un cauchemar. Par son cloisonnement géographique, la ville est l’espace idéal de cette organisation collective, et en imitant le discours utopique, le récit dénonce le danger d’une tradition autoritaire de l’utopie. L’espace décrit par l‘auteur joue un rôle primordial dans le récit dystopique, il est donc important de souligner que la narration prend place dans une ville à l’organisation particulière, une ville conçue pour le contrôle du citoyen. Dans ce cadre urbain, Zamiatine, Huxley, Bradbury et Orwell vont dévoiler une société déshumanisée par l’exercice autoritaire du pouvoir d’un régime totalitaire, un État présenté comme ayant atteint un idéal de perfection immuable, et qui anéantit l’individu au nom d’un bonheur collectif obligatoire.

Anti-utopies :

     1946 : A. Huxley “le meilleur des mondes”

 Dans ce roman, Huxley donne une vision pessimiste du futur en décrivant la confrontation de cet homme, né de façon naturelle dans une réserve primitive du Nouveau-Mexique, et de cette société technologique où l’eugénisme et le conditionnement à un bonheur obligatoire, « grâce » au soma, sont à l’œuvre.

 « Aujourd’hui nous sommes arrivés au bord de l’Espace, et l’homme, dans son flux gigantesque, est sur le point de monter comme une marée jusqu’à de nouveaux mondes lointains… mais il doit maîtriser en lui-même une semence d’autodestruction. L’homme est à moitié idéaliste, à moitié destructeur, et court encore un danger réel et terrifiant : celui de se détruire lui-même avant d’avoir atteint les étoiles. Je vois la moitié autodestructrice de l’homme, l’araignée aveugle qui s’impatiente dans l’ombre vénéneuse, rêvant de nuages en forme de champignons. La mort résout tout, murmure-telle, secouant une pognée d’atomes comme un collier de grains noirs… »

    1948 :  L’intérêt du livre de G. Orwell,” 1984”, n’est pas borné au domaine théorique du progrès scientifique, de ses allusions et de ses dangers. Il concerne directement l’actualité – les problèmes immédiats que nous avons sous les yeux – non seulement la science sans conscience, mais aussi la science appliquée la plus avancée, l ‘informatique et les ordinateurs en ce qui touche sur la vie privée et la liberté quotidienne des individus. »

    1953 : le roman de Bradbury, “Fahrenheit 451”, situe le contexte temporel de son récit dans un futur qui semble correspondre au début du troisième millénaire : (On a déclenché et gagné deux guerres nucléaires depuis 1960), c’est d’abord une réflexion sur une société future où les livres seraient interdits et brûlés, mais un second niveau de lecture invite le lecteur à une réflexion sur l’intolérance, résultat du nazisme ou du maccarthysme dans une actualité toujours brûlante…

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  Mais l'idée de l'utopie est bien plus ancienne que le mot. On trouve ses racines dans la mythologie antique, la philosophie grecque ou la doctrine chrétienne, voici un petit historique  de ces  pensées,  rêvées... :

  Genèse, II, 8-10

 la Genèse est, selon les exégètes historico-critiques, la compilation d’un ensemble de textes écrits entre les VIIIe et IIe siècle av. J.-C. dans le but de transmettre certaines traditions juives

 « Yahvé Dieu planta un jardin en Éden, à l’orient, et il y mit l’homme qu’il avait modelé. Yahvé Dieu fit pousser du sol toute espèce d’arbres séduisants à voir, et bons à manger, et l’arbre de Vie au milieu du jardin, et l’arbre de la connaissance du Bien et du Mal. Un fleuve sortait d’Éden pour arroser le jardin et de là il se divisait pour former quatre bras... »

 Hésiode, Les Travaux et les Jours, VIIIe s. av. J.-C.

 Dans la tradition gréco-latine, l’Âge d’Or est un état primordial où les hommes vivent sans souffrir ni vieillir, où la nature généreuse les dispense du travail, où règnent la paix et la justice : la race d’Or vit « D’or fut la première race d’hommes périssables que créèrent les Immortels, habitants de l’Olympe. C’était aux temps de Cronos, quand Cronos régnait encore au ciel. Ils vivaient comme des dieux, le cœur libre de soucis, à l’écart et à l’abri des peines et des misères : la vieillesse misérable sur eux ne pesait pas ; mais, bras et jarrets toujours jeunes, ils s’égayaient dans les festins, loin de tous les maux. Ils mouraient comme en s’abandonnant au sommeil. Tous les biens étaient à eux : le sol fécond produisait de lui-même une abondante et généreuse récolte, et eux, dans la joie et la paix, vivaient de leurs champs, au milieu de biens sans nombre. Depuis que le sol a recouvert ceux de cette race, ils sont, par le vouloir de Zeus tout-puissant, les bons génies de la terre, gardiens des mortels, dispensateurs de la richesse. » encore dans la proximité des dieux :

  Au IVème siècle avant J.C. :

 La cité idéale de Platon " Mais quoi ? Ne verra-t-on pas disparaître les procès et les accusations réciproques, dans notre cité où chacun des gardiens n'aura à soi que son propre corps, et où tout le reste sera commun ? Ne s'ensuit-il pas que nos citoyens seront alors à l'abri de tous les conflits que fait naître parmi les hommes la possession de richesses, d'enfants et de parents ? […] Ainsi ils seront délivrés de toutes ces misères, et mèneront une vie plus heureuse que la vie bienheureuse des vainqueurs olympiques. "

 Platon, La République, livre V, IVème siècle av. J.C.

 Au Vème siècle avant  J.C. : la ville idéale d'Hippodamos

 Au Vème siècle av. J.C.,l’architecte Hippodamos est chargé de reconstruire la ville de Milet détruite par les Perses. Il s'agit d'une occasion unique d'inventer la ville idéale. Il dessine la première ville pensée géométriquement. Il ne veut pas seulement tracer des rues et bâtir des maisons, il est convaincu qu'en repensant la forme de la ville, on peut aussi en repenser la vie sociale. Il imagine une cité de 5040 habitants, répartis en trois classes: artisans, agriculteurs, soldats. Hippodamos souhaite une ville artificielle, sans plus aucune référence avec la nature avec au centre une acropole d'où partent douze rayons la découpant telle un gâteau en douze portions. Les rues de la nouvelle Milet seront droites, les places rondes et toutes les maisons seront strictement identiques pour éviter toute jalousie entre voisins. Tous les habitants seront d'ailleurs des citoyens à part égale. Ici, il n'y aura ni esclaves, ni artistes, ni pauvres, ni célibataires, ni oisifs...

 Le projet d'Hippodamos consiste à faire de Milet une cité au système mécanique parfait qui jamais ne tombera en panne. Tout devra y être bien rangé, les rues, les bâtiments, les hommes...

  Extrait de L'Apocalypse, selon Saint-Jean :

 Le texte a été composé après l'évangile selon Jean dont il présuppose l'existence et la lecture. Celui-ci écrit à la fin du ier siècleaprès JC, ce qui porte les chercheurs à proposer une datation incluse entre 100 et 110.après JC, la nouvelle Jérusalem, construite avec des âmes vivantes, l'épouse du Seigneur et de l'Agneau, remplace la vieille ville de pierre, qui va être détruite durant l'été de l'année 70. Et dans la nouvelle Jérusalem, il n'y aura plus de Temple de pierre, ni de sacrifices d'animaux.  extrait :

 « [un des sept anges] me montra la ville sainte, Jérusalem, qui descendait du ciel.(...) Son éclat était semblable à celui d’une pierre très précieuse, d’une pierre de jaspe transparente comme du cristal. Elle avait une grande et haute muraille. Elle avait douze portes, et sur les portes douze anges. […] La ville avait la forme d’un carré, sa longueur était égale à sa largeur. (...) La muraille était construite en jaspe, et la ville était d’or pur, semblable à du verre pur. Les fondements de la muraille étaient ornés de pierres précieuses de toute espèce […]. »

  Après un saut dans le temps

 Au VXIème siècle : Utopia, l'île merveilleuse

 Dans son livre intitulé "Utopia", Thomas More décrit une île merveilleuse qu'il nomme précisément Utopia et où vivent 100 000 personnes. « Les Utopiens divisent l’intervalle d’un jour et d’une nuit en vingt-quatre heures égales. Six heures sont employées aux travaux matériels. […] Le temps compris entre le travail, lesrepas et le sommeil, chacun est libre de l’employer à sa guise. Loin d’abuser de ces heures de loisir, en s’abandonnant au luxe et à la paresse, ils se reposent en variant leurs occupations et leurs travaux.[….] Tout le monde en Utopie, est occupé à des arts et à des métiers réellement utiles. Le travail matériel y est de courte durée, et néanmoins ce travail produit l’abondance et le superflu. […] Le but des institutions sociales en Utopie est de fournir d’abord aux besoins de la consommation publique et individuelle, puis de laisser à chacun le plus de temps possible pour s’affranchir de la servitude du corps, cultiver librement son esprit, développer ses facultés intellectuelles par l’étude des sciences et des lettres. C’est dans ce développement complet qu’ils font consister le vrai bonheur. » . Utopia – livre second -Thomas More – 1516

  Au XVIème toujours, l'idéal humaniste de Rabelais.

 En 1532, François Rabelais proposa sa vision personnelle de la cité utopique idéale en décrivant dans "Gargantua" l'abbaye de Thélème. Il comprendra neuf mille trois cent trente-deux chambres. Pas de murs d'enceinte car "les murailles entretiennent la conspiration". Chaque bâtiment sera haut de dix étages. Un tout-à-l'égout débouchera dans le fleuve. De nombreuses bibliothèques, un parc enrichi d'un labyrinthe et une fontaine au centre. » Pour que l'utopie réussisse, les hôtes de l'abbaye sont triés sur le volet. N'y sont admis que des hommes et des femmes bien nés, libres d'esprit, instruits, vertueux, beaux et "bien naturés".

  Dans la journée, chacun fait donc ce qu'il veut, travail si cela lui chante et sinon, se repose, boit, s'amuse, fait l'amour. Les horloges ont été supprimées, ce qui évite toute notion du temps qui passe. On se réveille à son gré, mange quand on a faim. L'agitation, la violence, les querelles, sont bannies.

  Dans le domaine de l’architecture

 Les utopistes du XIXe siècle ont été les grands réalistes de leur temps. Non seulement, ils ont tout compris, mais ils ont tout prévu. Les deux grandes idées-forces du XXe siècle, l'urbanisme spatial et sou­terrain, sont esquissées au XIXe par Haussmann, Olmsted, Hector Horeau, Eugène Henard et bien d'autres. 

 L'idée de la séparation des piétons et des véhicules est aussi une idée du XIXe siècle qui se concrétisa par la création des passages couverts qui esquissaient déjà l'idée du centre commercial et constituaient un début de climatisation de la cité qui demeure pour l'instant et plus encore qu'alors une utopie. 

 La séparation des circulations à pour parallèle, chez les utopistes du XIXe siècle, la séparation des fonctions de la cité, ce que le XXe siècle a avalisé sous le nom de zonage. 

  En un mot, idéologues et pionniers du XIXe siècle ont inventé toutes les théories qui allaient être reprises au siècle suivant pour être développées et, parfois appliquées. 

  1968 : l'urbaniste français Roger Ange

 “Auroville”, en Inde Créée par le philosophe Sri Aurobindo, Auroville, la cité de l'aurore, près de Pondichéry, se veut la ville de la paix et de l'harmonie, une capitale du "bonheur au-dessus de toute croyance, de toute politique et de toute nationalité". Soutenu par l'UNESCO dès sa création en raison de son utopie cosmopolite, le projet naît en 1968 grâce au don de l'Etat indien d'un terrain de 25 km2. Selon un de ses concepteurs, l'urbaniste français Roger Anger : "La notion de ville ne doit pas, à Auroville, se confiner dans des formes rigides et préétablies, mais au contraire per­mettre toutes les libertés d'organisation autour d'un point d'attraction magnétique qui symboliserait son message. Ce point d'attraction sera le grand sanctuaire, ou temple de la vérité, qui se dressera au centre de la ville spirituelle.  Disposées autour de ce centre spirituel, le Matrimandir, 4 zones sont prévues : habitation, culture, activité, cité internationale sont prévues. Aujourd'hui, un peu plus de 2000 personnes y vivent, les indiens représentant un gros tiers de la population totale, les autres provenant d'une quarantaine d'autres pays.

  1970 : “Arcosanti”, l'utopie de Paolo Soleri ● Laboratoire urbain: c'est le terme que Soleri lui-même a utilisé pour définir Arcosanti, en construction depuis 1970, à environ 110 km au nord de Phoenix. ● Soleri cherche à trouver les formes de bâti les plus adaptées au climat afin de favoriser les systèmes de culture. ● Il cherche à faire fonctionner Arcosanti de manière autonome et indépendante en y créant un marché, un centre des arts du spectacle et un complexe éducatif (école d’architecture, école d’urbanisme et de design écologique…) ● Il propose une forme urbaine ramassée, à l’opposé de l’étalement urbain, de la consommation d’espace, d’énergie et de temps dont les villes font preuve depuis 1970. ● De plus il propose une vie en communauté à l’opposé de l’isolement des gens provoqué par l’étalement urbain. ● Soleri supprime l’automobile au sein de sa ville et cherche à réduire au maximum la consommation d'énergie.

  ET demain ?

 Ville de l'espace, comme on l'a longtemps rêvé et comme la station spatiale internationale ISS en donne un avant-goût ...

 Ville réseau, dans laquelle la circulation de l'information remplacera les déplacements?

 Ou, tout simplement, ville végétale, pour inverser le vieux projet d'Alphonse Allais de     « mettre les villes à la campagne »...?

 Quelques notes, questions et réponses prises au fil du débat

 Le terme “Utopie est parfois utilisé pour disqualifier un projet en lui mettant une étiquette  “utopique” et l’évacuer du débat .

 On utilise terme utopique pour une idée non réalisable, irréaliste car non réfléchie.

 Thomas More (16ème siècle), doté d'une grande imagination, est considéré comme l'inventeur du terme utopie " le lieu du bon". En grec, " utopia" n'existait pas , mais "nosquam" ne lui convenait pas.

Le roi Utopus insiste sur l'importance de l'ile. C'est l'époque des grands voyages : Christophe Colomb, Jonathan Swift, "Les voyages  de Gulliver"...

L'une des utopies de Thomas Moore est la journée de travail de 6h (3 le matin, 3 l'après-midi) après une pause -déjeuner et une sieste.

 L’utopie, projet global de société

 Platon  (mythe de l'Atlantide, la belle cité de Callipolis) qui souhaite la destruction de toute espèce de sentiment et d'intérêt particulier au nom du bien collectif, fait preuve d'utopie.

Rabelais, dans Gargantua, fait également preuve d'imagination et d'utopie.

A la révolution, changer le nom des mois était une utopie.

 Cependant, quand on veut tout changer, on ne peut pas échapper à la violence.

 Karl Marx  et Engels, par goût de la polémique, ont utilisé ce terme.

 Proudhon, utopiste, libertaire, anarchiste, refuse le pouvoir et l’autorité du gouvernement. Entre capitalisme et communisme, une troisième voie : le mutuellisme. Tout le monde possède. Les travailleurs possèdent des terres ou les machines. C’est l’idée de la coopérative ouvrière, les profits sont répartis entre tous.

 Le projet de Saint-Simon : Dans les années 1820, Saint-Simon voit dans le début de l'industrialisation le moteur du progrès social. pragmatique, il prône un mode de gouvernement contrôlé par un conseil formé de savants, d’artistes, d’artisans et de chefs d’entreprise et dominé par le secteur primaire qu'il convient de planifier pour créer des richesses et améliorer le niveau de vie de la classe ouvrière. Il est du devoir deindustriels et des philanthropes d'œuvrer à l'élévation matérielle et morale des prolétaires, au nom de la morale et des sentiments.(Il est cependant considéré comme antisémite par le politologue Stephan Grigat). L'appellation de Nouveau Christianisme repose sur des considérations morales, le culte et le dogme n'étant là que pour fixer l'attention des fidèles sur la morale qui est axée sur la fraternité et sur le progrès matériel et spirituel de l'espèce humaine. Le Nouveau Christianisme a pour but l'accroissement du bien-être général de la société et de participer à l'avènement du paradis sur terre.

 On ne peut pas considérer les anarchistes comme des utopistes Dans son livre "l’Espoir", A. Malraux met en scène successivement, la défaites des phalanges anarchistes, puis le retour des anarchistes…

 Existe- t-il des utopies réalisées ?

Fidel Castro est réaliste, mais pas un utopiste. Le stalinisme est une utopie. La société communiste a réalisé une partie de son projet. L'utopie n'est pas synonyme d'irréalisable. L'utopie est un rêve, un projet.

 Le projet de marcher et d’habiter la Lune n'est plus une utopie.

 Les romans de Jules Verne sont des projets rêvés.

Il en est de même de "Cyrano de Bergerac"(18ème),

Et du mariage pour tous.

 Dans la bande dessinée « l’an 01 », tout le monde il est beau tout le monde il est gentil…

 Les échecs du communisme et d’autres expériences (Robespierre, Venezuela), qui ont engendré des catastrophes, entraînent-ils la disparition des récits utopiques ?

 Tous les régimes utopistes étaient imaginaires : Familistère de Guise, réalisé par Godin, pour améliorer les conditions des ouvriers, n'a pas perduré.

 L’espéranto est-il un système utopique ?

L'esperanto est une utopie communicationnelle. Cela ne marche pas car les langues ne sont pas artificielles.

Mais on peut être de fervents partisans, par exemple, du chemin de fer et du télégraphe qui relient les gens.

 Un système utopique se heurtera toujours aux événements futurs imprévus, soit contraires, soit favorables.

Et l’on ne pourra pas maîtriser le futur.

Héraclite (5ème, 6ème siècle) disait :"On ne se baigne jamais dans le même fleuve". Ce discours héraclitéen était pertinent aux 5ème et 6ème siècles.

Mais tout n'est pas imprévisible de la même façon. Des choses peuvent l'être, qui ne dépendent pas de nous ni de notre société. Il faut être alors stoïque et le supporter.

A noter : Dans les pays d'utopie, les jeux de hasard sont interdits.

 Une utopie ne devrait pas constituer une vision « globale » de la société car cela conduit à un projet totalitaire, qui fait peur et empêche de se révolter 

Le totalitarisme ne consiste-t-il pas à affirmer que la réalité actuelle est la seule possible ?

Dans ce cas où est la liberté ?

La liberté individuelle est faire ce que l'on pense qui est bon pour le fonctionnement de tous.

 L'utopie peut être triste.

"Blade runner", la 25ème heure, par exemple , sont des dystopies. Ce sont des mondes cauchemardesques, idéaux…

 Les personnes qui se groupent en « communautés » séparées vivent-elles une forme d’utopie concrète ?

 A la fin du 19ème, les jésuites ont installé une communauté au Paraguay. C'était un groupe de personnes qui ont tenté de refaire une communauté aryenne. Cette utopie fut un échec.

 Il en fut de même pour la Commune de Paris qui n'a pas résisté.

 L'utopie implique la morale.

 C'est une utopie de penser pouvoir vivre ensemble lorsqu'on n'est pas d'accord.

 Au nom de la tolérance, le refus de discuter avec des gens qui sont opposés à vos idées constitue une action intolérante…

 Un film documentaire de Shu AielloCatherine Catella - 2016

Riace est un village de Calabre. Autrefois terre de guerriers, c’est aujourd’hui un havre de paix pour les réfugiés : la pensée utopique d’une petite communauté au cœur d’une Europe au ségrégationnisme grandissant. Par le passé, le maire décida de céder des logements vides à ceux qui avaient besoin d’un toit, quelle que soit leur origine ou la couleur de leur peau. C’est ainsi que la communauté de Riace devint la première à accueillir convenablement des réfugiés, à les héberger comme des êtres humains et non comme les statistiques d’une catastrophe mondiale. Mais l’heure est aux élections. L’opposition veut se défaire du maire de gauche. La population doit défendre les résultats obtenus par la communauté. En observant attentivement des gens de milieux différents travailler ensemble à la création de nouvelles approches et valeurs, les réalisateurs donnent une réponse imparable aux politiciens qui prônent la haine, le racisme et la ségrégation.

 Sommes-nous sortis du temps des utopies ? Ne pouvons-nous plus avoir des projets ?

Actuellement, l'utopie se base sur le libertaire et l'écologique. Un projet social et politique, démocratique (avec l'implication de tous), libertaire, écologique est une utopie.

Pour écarter les dangers de fin de l’eau potable, de l’air sain, de la biodiversité, etc… l’écologie n’est elle pas la nouvelle utopie nécessaire et vitale du 21è siècle ?

Aucun projet de société ne peut exclure d’être écologique, car ce serait suicidaire pour la planète et pour l’homme

Les gouvernements de toutes les puissances ont un projet politique. C'est une illusion de croire que tout va continuer de la même façon. C'est impossible, car les choses se dégraderaient.

 Kant a imaginé la possibilité de l’avènement d’une « paix perpétuelle », les relations humaines devenant uniquement basées sur le Droit, est-ce une utopie encore possible ?

Actuellement on en est loin.

L'élection de Trump aux USA complexifie les relations internationales.

Le transhumanisme, utopie du 21è siècle ? Réponse lors de notre café-philo du 26 juin prochain...